A Lyon, Parkinson se traite par l’effort physique

Deuxième maladie neurologique la plus fréquente après l’Alzheimer, Parkinson touche 15 000
personnes en Rhône-Alpes. Pour freiner l’avancée de la maladie et réduire les traitements, des
hôpitaux lyonnais font pratiquer à leurs patients de l’activité physique à haute dose.

La récente Journée mondiale de Parkinson, destinée à faire avancer la recherche sur une pathologie qui touche 15 000 personnes dans la région Rhône-Alpes et fait 8 000 nouvelles victimes chaque année en France, a rappelé la nécessité de trouver de nouvelles formes de traitements. Maladie dégénérative, Parkinson résulte de la mort des cellules nerveuses, créant alors un manque de dopamine, neurotransmetteur qui permet le contrôle du mouvement notamment. Les symptômes se traduisent alors par des tremblements, des gestes saccadés et rigides, une perte de coordination et une lenteur chez les sujets atteints, rendant le moindre geste quotidien infernal.

De l’activité physique pour augmenter la dopamine dans le cerveau

Des études ont cependant montré l’effet positif du sport dans le traitement de la maladie : il est de notoriété publique que l’activité physique a de multiples bienfaits pour l’homme, mais elle en a aussi pour les malades parkinsoniens. En effet, les patients atteints de la maladie ayant réalisé un stage intensif d’activité physique ont montré des résultats positifs, permettant de diminuer leur traitement. « Dans la maladie de Parkinson, les symptômes sont dus à une diminution progressive de la dopamine. Or, on sait depuis plusieurs années, grâce à des études d’imagerie cérébrale, que l’activité physique intense, de l’ordre de 40 à 45 minutes 3 à 4 fois par semaine, augmente la disponibilité de la dopamine dans le cerveau, ce qui entraîne une amélioration du tremblement, des raideurs et du ralentissement. De plus, il paraît que ce type d’activité intense et régulière pourrait freiner l’évolution de la maladie de Parkinson. Voilà pourquoi il est important de proposer aux patients ce programme le plus tôt possible pour empêcher l’évolution de la maladie et diminuer la parte d’autonomie« , explique le docteur Teodor Danaila, neurologue à l’hôpital Pierre Wertheimer à Lyon.

L’hôpital Henri Gabrielle, à Saint-Genis-Laval, et l’hôpital neurologique Pierre Wertheimer à Bron se sont donc basés sur ces études afin de mettre en place un programme pour les patients parkinsoniens. Ce programme, nommé Sirocco et mis en pratique depuis fin 2014, est basé sur des exercices physiques et de la rééducation, le tout à forte dose. « Il s’agit d’une rééducation intensive et multidisciplinaire tous les jours de 9 heures à 17 heures pendant 5 semaines consécutives. C’est le seul type de rééducation qui a réellement montré un effet positif chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson« , estime Teodor Danaila.

Des efforts réguliers pour ralentir l’avancée de Parkinson

Les patients, par groupes de 7 à 8 personnes, sont hospitalisés durant la semaine et suivent un planning d’activités physiques à un rythme soutenu, ainsi qu’une rééducation intensive. Cette rééducation passe notamment par la kinésithérapie, l’ergothérapie (le travail des gestes et des expressions afin de favoriser l’indépendance et l’autonomie) et l’orthophonie. Les activités physiques touchent elles aussi à de larges champs, tels que la marche nordique, le cross-training, le taï-chi… Massages, conseils diététiques et éducation thérapeutiques sont aussi au programme. Cette variété d’activités génère des résultats positifs (diminution de la fatigue, amélioration de la vitesse de marche et de la résistance à l’effort, diminution des troubles d’équilibre, meilleure articulation des mots), le plus notable étant la diminution du traitement chez un patient sur trois.

« A terme il faut prévoir une formation des paramédicaux libéraux à ce type de rééducation, pour que tous les patients puissent en bénéficier. En attendant cette « démocratisation des soins », nous conseillons à tous les patients atteints de la maladie de Parkinson de développer une activité physique régulière à domicile : marche à pied rapide, course à pied, natation, vélo de ville ou d’appartement, etc. Le mot clé, c’est intensif« , conclut le docteur Teodor Danaila, qui préconise une activité physique fatigante de 40 à 45 minutes au moins 3 fois la semaine.

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